Avec son plus récent solo, Rick Miller fait œuvre de mémoire (Le Devoir)

29 mars 2016

Le Devoir
By Christian Saint-Pierre
March 26, 2016


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Rick Miller est un interprète doué, très doué. Né et formé à Montréal, maintenant installé à Toronto, le comédien, chanteur, imitateur et danseur, doté d’un charisme de rock star, est l’archétype de ce que les États-Uniens appellent a triple threat, une véritable bête de scène. Collaborateur de Robert Lepage, notamment dans Lipsynch, l’homme est aussi créateur et interprète de solos documentaires et autofictionnels qui font le tour du monde.

Après MacHomer, où Shakespeare rencontrait Les Simpson, Bigger Than Jesus, une irrévérencieuse relecture de la Passion qui a été présentée en français au Quat’Sous en 2010, et Hardsell (Vendu), une réflexion sur la société de consommation présentée au Carrefour, à Québec, en 2012, Rick Miller est de retour avec Boom, une vertigineuse plongée dans le legs considérable des baby-boomers, un spectacle présenté en anglais sur lequel il travaille depuis 2011 et qui a déjà plus de 200 représentations au compteur.

Remarquable synthèse historique, le spectacle opère aussi certainement que la plus irrésistible des machines à remonter le temps. Truffée d’informations sur la société et la culture, mais aussi sur les membres de la famille de Miller, que le principal intéressé a interrogés et qu’il incarne sur scène avec truculence, la représentation est une savante juxtaposition de sons, de voix, de musiques et d’images. On croirait à un musée vivant, une multitude de faits saillants qui s’élancent vers la salle depuis un cylindre de tulle et une passerelle circulaire, surfaces de projection d’un dispositif scénographique qui fait brillamment écho au passage du temps, à son caractère inévitable et cyclique.

De 1945 à 1969, du bombardement d’Hiroshima aux premiers pas de l’homme sur la Lune, le comédien prête son corps et sa voix à une centaine de personnalités politiques et musicales. Combien de rêves ont été formulés pendant ces vingt-cinq années dont nous sommes les héritiers ? Combien d’utopies ? Combien de révolutions ? Combien de victoires ? Combien de désillusions ? La formule, devenue clichée, n’en demeure pas moins vraie : celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va. En ce sens, le solo de Miller, fortement instructif en même temps que diablement divertissant, devrait être présenté aux jeunes gens du monde entier.

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