Noises Off: l'envers du décor

29 mai 2017

Publié le 13 février 2017 à 11h53 | Mis à jour le 13 février 2017 à 11h53

Noises Off: l'envers du décor
LUC BOULANGER, La Presse

C'est un véritable tour de force que la distribution de la pièce Noises Off exécute, ces jours-ci, au Centre Segal. Cette comédie populaire du Britannique Michael Frayn, créée en 1982, y est à l'affiche en anglais.

Seulement à Broadway, Noises Off a déjà fait l'objet de trois productions. Au grand bonheur du public. Cette pièce est donc un «crowd pleaser», car le plaisir des acteurs sur scène se propage rapidement dans la salle. Difficile de ne pas éclater de rire durant la représentation, surtout au deuxième acte.

Noises Off reste une farce légère, mais diantrement efficace, sur les coulisses du métier. Théâtre dans le théâtre, on suit le travail des artisans d'une comédie de second ordre qui partira en tournée canadienne.

Au premier acte, la troupe d'acteurs est en train de répéter les derniers détails de la pièce, à 24 heures de la première devant public, dans un théâtre de province. Visiblement, les comédiens ne sont pas prêts... Alors, le metteur en scène tente d'éviter le pire.

Au deuxième acte, un mois plus tard, nous nous retrouvons dans l'envers du décor, pour mieux assister à la catastrophe à venir, car la guerre est déclarée au sein de la distribution. À l'acte final, on rejoue la farce du point de vue de la salle, dans une livraison totalement chaotique. À bout de souffle, chacun tentera de se sauver de ce naufrage. Mais, c'est trop tard.

Du grand vaudeville!

Au sommet de cette distribution sans failles, mentionnons Martha Burns, une actrice très douée (elle a joué plusieurs classiques au Festival de Stratford), dans le rôle de Dotty, une bonne au bord de la crise de nerfs. Andrew Shaver (Reign, Utopia) incarne un hilarant Gary, l'acteur qui fait tout dérailler en coulisses, en gardant sa superbe sur la scène. Il y a aussi le charismatique David Julian Hirsh (Weeds) dans le rôle de Lloyd, un metteur en scène imbu de sa personne, mais aussi complètement irrité et désespéré.

C'est du grand vaudeville mis en abyme avec doigté par le metteur en scène Jacob Tierney. La pièce exige des acteurs une prouesse physique et une finesse d'exécution dans le jeu. Chapeau!

Bien que le texte se répète, et que la finale soit escamotée, l'auteur a su décortiquer le genre, tout en le respectant. Dans le fond comme dans la forme. Les portes du décor claquent au moins 360 fois en 90 minutes, et on prononce le mot «sardine» pas moins de 228 fois!

Personne ne boudera son plaisir. Si vous aimez voir jouer des acteurs (dans tous les sens du terme) sur scène, cette pièce vous plaira.

* * * 1/2 Noises Off. Texte: Michael Frayn. Mise en scène: Jacob Tierney. Au Centre Segal, jusqu'au 19 février.

Billetterie
514-739-7944