Guys and Dolls: des «poupées» et des hommes

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October 11, 2012

La Presse
October 7, 2012
By Daniel Lemay


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Le Centre Segal des arts de la scène ouvre sa saison avec une production originale de Guys and Dolls, un voyage dans le grouillant New York interlope du nouvelliste Damon Runyon: «Sauvez mon âme, ma soeur!»

Des gars et des poupées... Les gars sont gamblers, pickpockets ou malfrats. Quand elles ne travaillent pas derrière le bar, les «poupées» sont danseuses dans ces mêmes cabarets du Broadway des années 40. Ou la poupée, justement, d'un gambler, d'un pickpocket ou d'un malfrat.

Et il y a Soeur Sarah Brown qui, du trottoir aussi, se consacre au salut des âmes plutôt qu'à leur damnation, mais sa mission Sauvez une âme, à court de pécheurs repentants, risque de fermer. Or Sky Masterton, le beau gosse, promet à Sister Sarah de lui en amener douze si elle consent à l'accompagner pour un court voyage à La Havane...

Voilà la trame de Guys and Dolls, la grande comédie musicale de Frank Loesser qui ouvre la saison 2012-2013 du Centre Segal des arts de la scène. Cette production originale, entièrement canadienne sinon montréalaise, ne se voit pas à l'assaut du record de la production originale de Broadway en 1950 - 1200 représentations! -, mais est quand même à l'affiche du Segal jusqu'à la fin du mois d'octobre. Avec, heureuse initiative, des surtitres français aux représentations des mardis, jeudis et samedis. Combien de musicals font un mois à Montréal?

Comment la metteure en scène Diana Leblanc a-t-elle approché cette «bête» à 24 têtes? «En lisant beaucoup de nouvelles de Damon Runyon pour me plonger dans ses magnifiques personnages», dit l'ancienne directrice du Théâtre français de Toronto.

Damon Runyon (1880-1946) était journaliste et auteur de nouvelles dont les personnages, inspirés du New York interlope de la Prohibition, portaient tous des surnoms - Gros Jules, Harry le Cheval, Le Mec qu'on voit rarement -, ne parlaient qu'à l'indicatif présent et sans utiliser les contractions de l'anglais commun. D'où l'effet comique certain de l'homme de main qui conjugue, ou mélange, le bon parler des juges avec le slang des bas-fonds.

Issus du théâtre «légitime»

À la présentation d'extraits au médias, la semaine dernière, Diana Leblanc nous disait avoir tenu des auditions à Montréal et à Toronto où ont été choisis les tenants des quatre rôles principaux: Tracy Michailidis (Sister Sarah), Scott Wentworth (Sky Msterton), Susan Henley comme Adelaide, la danseuse qui n'en finit plus d'attendre la demande en mariage de Nathan Detroit, joué par Frank Moore, l'honnête exploitant d'une barbotte volante.

«Tous ces acteurs viennent du théâtre dit légitime», souligne Diana Leblanc, l'habituée de Strattford faisant ici référence au théâtre traditionnel de l'Angleterre du XVIIIe siècle où le théâtre musical était «illégitime». Quatre acteurs qui savent chanter, donc, et dont Mme Leblanc juge le profil bien adapté à un book musical comme Guys and Dolls, c'est-à-dire un musical où le propos des chansons et des chorégraphies s'intègrent parfaitement à la trame dramatique du livret, la partie parlée du musical. Le tout par opposition aux comédies musicales où les chansons n'ont que peu à voir avec l'histoire.

Le chef d'orchestre Nick Burgess, lui, s'est concentré sur les partitions, nombreuses (14 pièces) et assez denses. «Frank Loesser écrivait très jazz, qui était la musique populaire du temps», explique le pianiste montréalais qui s'est entouré de huit jeunes musiciens locaux «réveillés». «Comme les acteurs, les musiciens doivent traduire l'esprit de la pièce et de l'époque. C'est toujours un défi!»

Guys and Dolls, au Centre Segal des arts de la scène, jusqu'au 28 octobre

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