Waiting for the Barbarians: qui sont les barbares?

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January 28, 2013

La Presse
January 27, 2013
by Daniel Lemay


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Un Empire part à la recherche de ses ennemis «barbares» hors de ses frontières où les soldats des Forces spéciales se livrent au viol, à la torture et au meurtre. Le Magistrat de la petite ville frontalière s'insurgera-t-il contre cette violence gratuite et l'impunité qui la sanctionne? Comment concilier sa loyauté au régime et son amour pour cette jeune Barbare, victime des hommes du Colonel Joll?

Établi à Montréal depuis une vingtaine d'années, le metteur en scène russe Alexandre Marine caressait depuis longtemps le projet d'adapter à la scène le roman du Sud-africain J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature 2003.

«À cause de son universalité et de son caractère prophétique», nous dira le fondateur du Théâtre Deuxième Réalité qui revient dans sa ville d'adoption avec Waiting for the Barbarians (1980), à l'affiche du Centre Segal à partir de demain.

Dans le temps, Marine avait proposé au TNM une adaptation du célèbre roman de Coetzee, mais son offre avait été refusée. Plus tard, il a adapté Waiting for the Barbarians en russe pour le présenter dans son pays d'origine où il a reçu le titre d'Artiste émérite. Reste que cette histoire d'empire, sombre et provocatrice, arrivait mal dans l'histoire de la Russie...

«Certains auraient pu y voir des allusions qui ne font pas partie de la pièce, explique Dmitri Marine, le compositeur de la musique de la pièce qui servait d'interprète à son père, mercredi au Segal. Poutine venait d'être élu, vous savez...»

Intervient alors l'homme de théâtre et producteur Maurice Podbrey, ancien assistant-directeur de la section anglaise de l'École nationale de théâtre et cofondateur du Centaur (1969) dans le Vieux-Montréal, longtemps le seul théâtre anglophone de la ville. « Alexandre a monté des pièces magnifiques pour nous au Centaur «, rappelle M.Podbrey, qui partage maintenant son temps entre Montréal et Cape Town, en Afrique du Sud, où il est né. Tout comme J.M.Coetzee...

«Nous avons montré la version anglaise à M.Coetzee et il l'a acceptée, raconte-t-il. J'ai ensuite rassemblé une troupe de jeunes acteurs sud-africains qui se sont magnifiquement approprié la pièce.»

Immigration

La troupe ad hoc du Mopo Cultural Trust de Cape Town, un création de M. Podbrey, est arrivée à Montréal sans l'une de ses deux comédiennes, à qui l'Immigration canadienne a refusé un visa; Kimberley-Anne Laferrière a dû plonger vite dans le rôle de Zoé. «La troupe m'a accueillie chaleureusement, sourit la Montréalaise. Moi j'ai dû m'adapter à leur façon de bouger, de se tenir sur scène. Je crois y être parvenue.»

«Dans la tradition sud-africaine, explique Maurice Podbrey, la musique, le chant et la danse se mélangent à l'action théâtrale. Alexandre a parfaitement intégré ces composantes à la pièce.»

Comment Waiting for the Barbarians a-t-elle été accueillie dans l'ancien pays de l'apartheid? «C'est une chose du passé, mais tout le monde sait que J.M. Coetzee s'est toujours élevé contre l'apartheid, qui teintait toutes les facettes de la création en Afrique du Sud. Après l'apartheid, le théâtre de là-bas s'est cherché tout le monde se demandait «qui est l'ennemi?mais cette pièce prouve qu'il a trouvé une nouvelle voix. «

Waiting for the Barbarians, présentée en anglais au Centre Segal jusqu'au 17 février.

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